CIT 2017 : Déclaration conjointe JOCI-WSM sur les migrations de main-d’œuvre

Comme chaque année, la JOCI a assisté à la 106e session de la Conférence internationale du Travail qui s’est tenue à Genève en juin 2017. Le texte ci-dessous est la déclaration conjointe JOCI-WSM sur les migrations de main d’œuvre, lue par Antonio Zela, militant jociste du Paraguay et coordinateur continental.

« Au nom de la Jeunesse ouvrière chrétienne internationale (JOCI) et de Solidarité Mondiale (WSM), je vous suis reconnaissant de me donner l’occasion de présenter une déclaration conjointe à cette Commission. Nous tenons également à remercier le Bureau pour le rapport préparé pour cette discussion générale.

Je vous propose de commencer par un témoignage d’un membre de la JOCI, qui illustre les difficultés rencontrées par les travailleurs migrants :

« Mon nom est George Verzosa et je viens du sud des Philippines. Comme je ne trouvais pas d’emploi, j’ai été obligé de chercher du boulot à l’étranger. J'ai trouvé une agence qui m’a trouvé un travail en Arabie Saoudite, mais j’ai dû payer beaucoup de frais. J'ai lu le contrat et il m’a semblé correct, donc je l'ai signé. Quand je suis arrivé là, j’ai commencé à travailler dans un restaurant. Mais le contrat n’a pas été respecté. Ils ne m’octroyaient pas comme promis le salaire de base, ne me payaient pas les heures supplémentaires, je n’avais pas de jours de congés et les journées de travail étaient excessivement longues.

 

Journée internationale des travailleurs et travailleuses domestiques : Témoignage du Pakistan

« Mon nom est Fatima Hussain et je suis pakistanaise. J’ai 24 ans et je vis à Lahore. J’ai postulé à une multitude d’emplois dans différentes usines, mais en vain. Dans notre société, une fille qui travaille ne fait pas bonne impression, les gens n’aiment pas les femmes travailleuses.

J’ai donc décidé de devenir travailleuse domestique parce que c’est plus facile d’obtenir un emploi dans ce secteur. Mais les travailleurs domestiques ne sont pas bien payés. Ils touchent 1500 PKR par maison (15$US). J’étais très déçue par le salaire peu élevé et par la charge de travail supplémentaire. Je devais remplir des tâches qui n’avaient aucun rapport avec mon travail.

Un jour, j’ai découvert la JOC – c’était un jour magnifique. Lors d’une réunion, j’ai partagé mon expérience de travailleuse domestique et parlé des tâches supplémentaires.

Le groupe JOC a rédigé une lettre qu’il a envoyée au Conseil du travail, demandant que mon salaire soit augmenté et que des restrictions soient imposées pour que les travailleurs domestiques ne doivent pas effectuer de tâches supplémentaires. Un mois plus tard, la direction de la société de logement où je travaille a reçu une lettre du Conseil de travail communiquant que les travailleurs domestiques devaient être payés 2000 PKR par maison (20 $US) au lieu de 1500 et qu’il était interdit de leur donner des tâches supplémentaires. Maintenant je gagne 8000 PKR pour quatre maisons. Bien que cela ne suffise pas pour couvrir tous mes besoins quotidiens, je suis très contente et j’assiste régulièrement aux réunions de la JOC, dans l’espoir de pouvoir faire quelque chose de plus pour changer ma vie et celle des autres travailleurs.

Travailleurs migrants : La voix d’un travailleur philippin expatrié

Je m’appelle George Verzosa, je suis originaire de Calbayog City (au sud des Philippines). Je n’ai jamais terminé mes études car mes parents ne disposaient pas des moyens nécessaires pour nous envoyer, moi et mes frères et sœurs, à l’école. J’ai migré à Manille pour chercher un emploi et j’ai travaillé sous contrat d’agence dans une fabrique de sacs comme opérateur de machine. Je touchais le salaire minimum mais certains de mes camarades de travail avaient moins que le salaire minimum. Lorsque je faisais des heures supplémentaires et gagnais plus d’argent, je l’envoyais à ma famille dans ma province.

Ils nous obligeaient à travailler à un rythme soutenu car nous devions atteindre un « quota » et ils visaient un surplus de production. Lorsque nous n’atteignions pas le quota journalier requis, ils nous déduisaient une somme de notre salaire. Mais lorsque nous dépassions le quota de production, nous ne recevions aucune prime.

En 2014, mon emploi devenait de plus en plus précaire. Je ne travaillais que trois ou quatre jours par semaine. La politique était « pas de travail, pas de salaire » ; par conséquent, les jours où je n’avais pas de travail, je n’avais pas de revenus. Cela devenait extrêmement difficile pour moi d’aider ma famille et même de subvenir à mes propres besoins car je louais aussi un appartement.

Marche des jeunes travailleurs à Berlin pour célébrer le Premier Mai

Un travail juste et les droits des jeunes travailleurs étaient les thèmes mis en avant lors du rassemblement d’une cinquantaine de jeunes travailleurs et militants de la JOC allemande (CAJ) venus de diverses régions d’Allemagne. Ils se sont retrouvés à Berlin du 28 avril au 1er mai 2017 pour discuter plus en profondeur de leur campagne d’action sur le « travail précaire ». Trois principales revendications couvertes par ce thème ont été identifiées : la réduction du temps de travail, un revenu de base garanti et l’égalité entre les genres au travail et dans la société.

Lors des “Bundesaktionstage”, nom des journées d’études et de la « Marche des jeunes travailleurs » organisées par et pour la base, des jeunes travailleurs allemands, des étudiants, des jeunes chômeurs, des migrants et des réfugiés se sont réunis pour agir ensemble.

Allons-nous célébrer le Premier Mai?


Pour clôturer la Semaine Internationale de la Jeunesse Travailleuse, les jeunes travailleurs et travailleuses militant(e)s de la JOCI réalisent des actions contre la précarité et l'instabilité de l'emploi dans le monde, contre les inégalités existantes dans tous les domaines de la vie des jeunes travailleurs et jeunes travailleuses. Aujourd'hui, à l'occasion du premier mai, nous levons à nouveau l'étendard de la lutte ensemble avec le mouvement ouvrier et populaire et toutes les organisations qui agissent en faveur d'un monde nouveau sans différences entre les personnes.