Conférence internationale du Travail 2015 : La jeunesse travailleuse revendique un travail digne

La JOCI et WSM ensemble à l’OIT

« Nous marchons pratiquement 10 kilomètres pour arriver au bassin où nous extrayons le sel et nous gagnons 60 gourdes (1,5$) par semaine. Avec cet argent, nous pouvons contribuer un peu aux dépenses de la famille et il nous reste peu d’argent. Nous économisons pour acheter des mulets qui nous aideront à transporter les sacs de sel sur ces 10 km, mais nous gagnons peu. En Haïti, il n’existe pas beaucoup de possibilités de travail formel, nous devons déployer beaucoup d’efforts et tirer parti des maigres revenus que nous pouvons avoir avec notre groupe de base. » - Militant jociste, Jean Rabel, Haïti

Les problèmes de la jeunesse travailleuse ont une dimension internationale car ils existent partout, dans les quartiers, les communautés, les usines, les rues et tous les espaces où se trouvent les jeunes travailleurs et travailleuses. Pour notre mouvement, faire face à ces situations au niveau international est un vrai défi.

L’une des instances où ces situations sont discutées est l’Organisation internationale du Travail, l’OIT. Sa structure est tripartite et réunit gouvernements, employeurs et travailleurs. La JOC Internationale et WSM (Solidarité Mondiale) sont présentes à Genève pour renforcer la lutte de tous les travailleurs face aux intérêts des patrons et des gouvernements qui s’allient au pouvoir des grandes entreprises nationales et multinationales.

JOC du Pérou: Pour une action transformatrice de la jeunesse travailleuse des Amériques

Lima a accueilli la Réunion de l’équipe continentale (REC) de la JOC des Amériques du 9 au 22 avril dernier. La rencontre a débuté par une visite aux communautés de Chiclayo, d’Ishichihui et de Lima où les participants ont partagé la réalité des jeunes travailleurs et travailleuses ainsi que les actions menées pour transformer les situations d’oppression et d’exclusion en situations de justice et de vie digne.

Lors de sa réunion, l’équipe continentale a pu compter sur la présence du Président de la JOC Internationale, Mardiyono Ludovicus, qui a contribué à la préparation politique de la rencontre continentale prévue en septembre de cette année.

Les participants ont découvert le travail réalisé avec la communauté pour récupérer la langue autochtone d’Ishichihui et améliorer la vie communautaire. À Chiclayo, un partage a été organisé avec le mouvement estudiantin, ainsi qu’avec les militantes jocistes du Syndicat des employées de maison, qui sont le fer de lance de la lutte pour l’égalité des droits sociaux et la reconnaissance du rôle des femmes.

À Lima, les responsables continentaux ont rencontré les NNAT [Enfants et adolescents travailleurs] organisés au sein du MANTHOC à Yerbateros et ils ont discuté de leur action éducative et de leur lutte sociale. Ils ont également rendu visite au Collectif de travailleuses domestiques, protagoniste du combat pour la ratification de la Convention 189, et ont entendu les témoignages de nombreuses femmes engagées dans cette lutte, jocistes dans leur jeunesse, qui sont aujourd’hui encore considérées comme faisant partie de la famille jociste.

La Réunion de l’équipe continentale a débuté par une analyse de la situation de la jeunesse travailleuse sur le continent. Lors de cette première partie, nous avons pu compter sur les contributions du jeune dirigeant syndical de la CGTP (Confédération générale des travailleurs du Pérou) Cesar Soberón, des porte-parole de la branche jeune de CONADES, de Nelly Reyes de l’ANC (Association nationale des centres), de David Romero de la MEJ (Cercle évangélique des jeunes), ainsi que d’Ana Luna de la FEP (Fédération des étudiants du Pérou). Toutes ces interventions ont été importantes pour pouvoir identifier plus clairement la réalité des jeunes travailleurs d’aujourd’hui.

Sortir du capitalisme pour entrer dans un nouveau paradigme

Le monde d’aujourd’hui n’est plus viable. Ce que nous vivons actuellement n’est pas une crise financière aux conséquences économiques ; il ne s’agit pas d’une crise de l’emploi provoquant d’énormes taux de chômage. Cela va bien au-delà de cela, il s’agit d’une crise du système.

Que pouvons-nous faire ?

Nous devrions faire preuve de suffisamment de courage et prendre des mesures visant à changer le système. Nous devrions transformer ce monde en imposant un nouveau paradigme, un paradigme de vie à la place d’un paradigme de mort. La logique du système actuel (le capitalisme) n’est pas d’apporter des solutions aux problèmes mais de se préserver, d’assurer sa survie en sacrifiant des milliards d’êtres humains ainsi que la nature.

Le paradigme du capitalisme est l’exploitation. Il voit dans la nature un bien qui doit être transformé en marchandise. L’économie est dominée par le capitalisme et le capitalisme est le moteur de l’économie. En conséquence de cette logique, les capitalistes chercheront toujours à promouvoir la valeur d’échange plutôt que la valeur d'usage. Normalement lorsque nous voyons de l’eau, nous la considérons comme quelque chose à boire. Les capitalistes ne portent pas le même regard : ils voient l’eau comme quelque chose qu’ils peuvent mettre en bouteille et vendre pour accroître leur capital. C’est précisément ainsi que le capitalisme détruit la nature et l’être humain.

Semaine internationale de la jeunesse travailleuse 2015 : Pas de travailleur sans travail juste

 SIJTDu 24 au 30 avril 2015, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne Internationale (JOCI) célébrera la Semaine internationale de la jeunesse travailleuse qui, cette année, aura pour thème : « Pas de travailleur sans travail juste ». Ce faisant, la JOCI veut mettre en avant les luttes des jeunes travailleurs contre l’oppression à laquelle ils sont confrontés au quotidien et qui est profondément ancrée dans le système de classes qui s’en sert pour perpétuer la domination de 1% de la population la plus riche et la plus puissante du monde sur les 99% restants.

Cette semaine trouve son origine dans les luttes des jeunes de la classe ouvrière qui se sont organisés en tant que force indépendante pour se former et pouvoir combattre toutes les formes d’exploitation, d’oppression et d’exclusion.

La Semaine nationale de la jeunesse travailleuse a été lancée en 1970 et elle est devenue Semaine internationale en 1985 sur décision du conseil mondial qui s’est tenu à Madrid (Espagne) en 1984. Depuis lors, la JOCI choisit chaque année un thème lié à la réalité des jeunes et, à travers un nombre incalculable d’actions, des solutions en rapport avec ce thème sont recherchées et discutées.

Mettre en avant les contradictions cachées

Il est sans nul doute important de mettre en lumière les contradictions souvent cachées auxquelles se heurte la jeunesse travailleuse. Aujourd’hui encore, comme dans le passé, les jeunes travailleurs d’une multitude de réalités très diverses sont confrontés aux attaques les plus sauvages visant leurs conditions de vie et de travail.

Ces contradictions cachées vécues par les jeunes travailleurs se retrouvent dans les programmes d’austérité introduits dans les pays européens, menaçant de détruire des milliers d’emplois destinés aux jeunes travailleurs et réduisant les services publics.

Elles se retrouvent aussi dans les taux élevés de chômage des jeunes, avec des jeunes qui cherchent désespérément à entrer sur le marché du travail, avec un nombre croissant de jeunes travailleurs forcés de céder aux conditions imposées par les employeurs. Leurs contrats, salaires, horaires de travail, santé, protection sociale, congés, famille, licenciements, temps libres, vacances, formation…sont tous tributaires des choix de leurs employeurs.

Lutter pour un travail juste, promouvoir le leadership des femmes !

La JOCI célèbre la Journée internationale de la femme

Pour marquer la Journée internationale de la femme 2015, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne Internationale veut mettre en lumière les expériences quotidiennes de vie et de travail des jeunes travailleuses.

Grâce à nos contacts réguliers avec les jeunes travailleuses de nos groupes de base, nous avons une expérience concrète de leurs situations et savons que les femmes sont exposées à d’importantes inégalités dans leur famille, la société, les usines, les bureaux, les syndicats, et même au sein des Eglises. Les femmes ne jouissent pas des mêmes droits que les hommes lorsqu’il s’agit de prendre des décisions. Sur le plan salarial, les femmes sont très souvent moins bien rémunérées que les hommes.

Je m’appelle Naiha Faryad, j’ai 23 ans et je vis à Lahore, au Pakistan. J’ai fait des études artistiques et je suis enseignante dans une école publique. Avec le petit salaire mensuel que me procure mon emploi (3000 roupies pakistanaises, soit environ 30$US), j’apporte un soutien financier à ma famille. Tous les membres de ma famille vivent sous le même toit dans une maison que nous louons. Parfois, c’est très difficile de pouvoir répondre aux besoins de consommation de mes parents tout en étant indépendante et en étant un modèle pour mes jeunes sœurs et mon frère. (Membre de la JOC du Pakistan)

Ce témoignage reflète clairement le besoin de poursuivre la lutte pour les droits des femmes dans chaque pays, chaque région, chaque ville.

Partout, les femmes continuent d’être victimes de violence domestique et de viol. Dans de nombreux pays, leurs droits élémentaires, entre autres le droit à l’éducation scolaire et le droit au travail, sont très limités. Le principe du salaire égal pour un travail égal n’est en règle générale pas appliqué.

Même si dans la plupart des pays une légère amélioration est constatée en ce qui concerne les droits des femmes, le principe de l’égalité entre les genres et la non-discrimination, les travailleuses ignorent souvent leurs droits, phénomène qui est de plus en plus fréquemment identifié comme un obstacle majeur.