Coupe du monde de football : Quand un syndicat belge découvre le Brésil à travers les yeux de la JOC du Brésil

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 Ne jamais laisser tomber les travailleurs »

Par Guilherme Junior

 Percevoir les similitudes et les potentialités dans la lutte pour un travail digne était l’un des objectifs de l’échange organisé le 24 juin 2014 entre la JOC du Brésil et le syndicat belge CSC Alimentation & Services. L’action a vu la participation de six membres du syndicat belge présents au Brésil pour la Coupe du monde de football de la FIFA, ainsi que de quatre jeunes travailleurs de São Paulo et deux autres jeunes travailleurs d’autres régions. Le groupe a également eu l’occasion de visiter l’un des projets réalisés actuellement par des jeunes associés à la JOC, la Radio des Jeunes, basé à São Vicente, une ville située à 70 km de São Paulo.

Au matin, les visiteurs ont été accueillis au secrétariat national de la JOC du Brésil avec une dynamique de groupe qui a mis l’accent sur l’union que chacun doit construire même si les personnes sont physiquement éloignées. Ensuite, la JOC du Brésil a brièvement présenté sa vision de la formation des jeunes travailleurs à travers l’action, en partant de leur propre réalité. Outre une projection de diapositives donnant un panorama des actions du mouvement, une séance Skype a été organisée avec Fernanda Mara, de Fortaleza, qui a apporté son témoignage de jeune travailleuse. Selon Fernanda, la JOC l’a aidée à cerner son identité de jeune travailleuse et à se revendiquer jeune travailleuse. Avec le soutien de la JOC, elle a pu prendre conscience qu’elle partage la même réalité que d’autres jeunes et que la seule manière possible de changer cette réalité d’exclusion et d’oppression est la mobilisation, l’union et l’organisation des jeunes travailleurs.

L’après-midi, le groupe s’est rendu à São Vicente, une ville située sur la côte de l’état de São Paulo, pour découvrir l’expérience menée par un groupe de jeunes travailleurs associés à la JOC. Mais ce jour étant un mardi, bon nombre de membres du projet n’ont pu être présents en raison de leurs études ou de leur travail. Il a toutefois été possible d’installer un matériel de diffusion radiophonique dans l’église « Bom Jesus dos Navegantes », un endroit très fréquenté par les habitants de Vila Margarida et de Mexico 70, deux quartiers pauvres de la ville. Le jeune animateur de radio Fabio Piovam a décrit son expérience du projet depuis les premières émissions, la façon d’approcher les jeunes, la création de programmes de radio, ainsi que les aspects politiques, notamment la manifestation contre les tarifs des bus, une action qui a donné une visibilité à la station de radio. La radio soutient actuellement une action de reconstruction du siège de la Sociedade Melhoramentos do Saquaré, un quartier près de Vila Margarida où sera installé prochainement le studio de diffusion. Cette action doit permettre d’être plus proche de la communauté locale afin que le projet soit encore plus utile pour les gens et qu’il devienne un instrument pour exprimer des revendications, des plaintes, des opinions, et pour fournir des services au quartier.

Le prêtre Jean Claude Griveau, recteur de l’église qui a accueilli la rencontre, a salué les visiteurs, s’adressant à eux en français, sa langue maternelle. Il a brièvement retracé l’histoire de la lutte menée dans la région depuis son établissement dans les années 1970.

 

Les visiteurs belges ont donné leurs impressions sur le voyage. Le travailleur Laurent Laviolette a déclaré que bien qu’il soit venu au Brésil pour la Coupe du monde, il était impressionné par la diversité de la population, notant la volonté des gens d’interagir avec les étrangers même s’ils vivaient dans la pauvreté. Le syndicaliste Dirk de Vos a souligné qu’il était plus intéressé par les conditions et la réalité sociale des travailleurs de Brasilia que par la Coupe du monde. Des similitudes et des possibilités ont été mises en évidence. Le syndicaliste Michel Demanet a expliqué qu’il y a cent ans, les conditions en Belgique étaient les mêmes qu’au Brésil. Et ces conditions ont changé grâce aux luttes de la classe ouvrière. À son avis, le Brésil a les conditions nécessaires pour changer aussi mais cela prendra du temps ; cela ne peut se réaliser en un jour.

Lors de la rencontre de São Vicente, le groupe belge a pu expliquer sa méthode d’organisation. Ce syndicat est le plus grand de Belgique, avec 1,7 million de membres. Bien qu’il ait démarré ses activités avec les travailleurs du secteur de l’alimentation, aujourd’hui il est associé à d’autres secteurs, notamment l’agriculture, le tabac, la restauration, la construction, le nettoyage, la sécurité, le tourisme et les services. Son action consiste principalement en un travail de représentation et de négociation collective avec le gouvernement et les employeurs, mettant en avant les revendications des travailleurs. Il fournit également des « services de première ligne » (aide juridique, santé, etc.). Il gère par ailleurs des ressources sociales qui permettent la subsistance du système de sécurité sociale et des primes de fin d’année. D’autre part, il produit du matériel d’information et participe au processus de formation des travailleurs, pas seulement en ce qui concerne l’aspect travail mais aussi en ce qui concerne l’aspect organisationnel. Pour Dirk, la principale similitude relevée entre son organisation et la JOC du Brésil est l’effort fourni par les deux mouvements pour rester fidèles aux travailleurs, pour ne jamais les laisser tomber, poursuivant la lutte pour de meilleures conditions de vie et de travail.

Enfin, un point à ne pas oublier : Fabio a expliqué les aspects critiques qui ont accompagné la Coupe du monde de la FIFA au Brésil, notamment les expulsions, les travaux excessivement chers et la répression des manifestations par les forces gouvernementales. Néanmoins, il a souligné que la possibilité d’avoir un échange avec des gens d’autres pays et de leur présenter leur réalité  était un point positif de cet événement organisé au Brésil.

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